Des températures extrêmes au bilan humain dévastateur. Le hajj, le plus grand pèlerinage musulman annuel, organisé du 14 au 16 juin dans l’ouest de l’Arabie Saoudite, s’est déroulé cette année encore en plein été dans l’une des régions les plus chaudes au monde, avec des températures atteignant les 51,8 °C à La Mecque, la ville la plus sainte de l’islam. Mardi, des diplomates arabes ont annoncé un lourd bilan lié à cette chaleur hors-norme : au moins 550 pèlerins, dont au moins 323 Egyptiens, sont morts durant ce pèlerinage.
«Tous sont morts à cause de la chaleur», à l’exception d’un pèlerin qui a succombé après avoir été blessé lors d’un mouvement de foule, a expliqué l’un des diplomates, ajoutant que le chiffre total provenait de la morgue d’un hôpital dans le quartier Al-Muaisem de La Mecque, dans lequel 550 corps ont été transportés. Selon un bilan établi par l’AFP, les chiffres des morts égyptiens portent cependant à 577 le nombre de décès durant le Halj signalés par différents pays qui, pour la plupart, ne précisent pas néanmoins le nombre exact de cas liés à la chaleur. Le ministère égyptien des affaires étrangères a affirmé plus tôt mardi que des «opérations de recherche des Egyptiens portés disparus pendant le Hajj» étaient en cours, en évoquant «un certain nombre de décès».
Dès dimanche, les autorités saoudiennes avaient affirmé avoir traité plus de 2 000 pèlerins souffrant de stress thermique, sans parler de morts. Au moins 60 Jordaniens sont également morts, ont fait savoir les diplomates, alors que le ministère des affaires étrangères jordanien a affirmé mardi avoir délivré 41 permis d’inhumer, afin que soient enterrés des fidèles à La Mecque. Les autorités «suivent les procédures d’enterrement des pèlerins jordaniens morts pendant le Hajj, victimes d’un coup de chaleur», avait ajouté le ministère.
Un événement menacé par le réchauffement climatique
Le hajj, l’un des plus grands rassemblements religieux au monde, est l’un des cinq piliers de l’islam. Les musulmans qui en ont les moyens doivent l’accomplir au moins une fois dans leur vie. Certains attendent néanmoins parfois pendant des années avant de pouvoir faire le voyage, les permis étant attribués annuellement par le royaume sur la base de quotas par pays.
Mais chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins tentent de participer au Hajj sans autorisation officielle, ce qui leur interdit l’accès aux installations climatisées. Selon un des diplomates interrogés, le bilan des morts égyptiens a été considérablement alourdi par la présence de pèlerins qui n’étaient pas munis de ces autorisations. Ces pèlerins «ont été sans nourriture, sans eau ou air conditionné pendant longtemps», a précisé un responsable égyptien supervisant le pèlerinage pour son pays. Ils sont morts «en raison de la chaleur parce que la plupart d’entre eux n’avaient nulle part» où s’abriter, selon lui.
L’événement subit de pair de plus en plus les effets du changement climatique, a averti une étude saoudienne publiée en mai 2024, selon laquelle les températures sur les sites où se déroulent les rituels augmentent de 0,4 °C tous les dix ans.
Source : Libération